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La Vierge de Saint-René (légende, statue, chapelle et dévotion)

La Vierge de Saint-René

aux Landes-Genusson

 

Ou comment, au début du 18ème siècle une statue de la Vierge découverte dans un taillis, à Chambretaud, faillit déclencher une mini-guerre de religion entre les habitants de cette paroisse et celle des Landes-Genusson. Le différend fut tranché par la justice à Fontenay-le-Comte.

 Consulter:

  La Vendée Historique, 1900, p. 79 et 157

 (et article de Ouest-France du 13-08-2012)

 

   La scène est à Chambretaud, au coin d'une prairie; c'est à l'aurore du 18ème siècle. Un des boeufs de l'Espinaie, la ferme voisine, se tient immobile, du matin jusqu'au soir, devant un des fossés qui borde le champ. On a beau lui parler, le flatter, le frapper: rien n'y fait. L'animal ne bronche pas. Dans le buisson qui remplit le fossé et déborde sur le talus, il regarde quelque chose. Quoi? Si l'on détourne sa tête, il la ramène toujours vers la même direction: si on le chasse, il revient au même but. Il regarde. Impossible de le paître; la nourriture n'a plus pour lui d'attraits: l'estomac se tait. L'animal est tout yeux. Il regarde. Bien qu'il ne mange pas, point ne dépérit: son poil n'est pas moins joli, son col vigoureux, ses flancs rebondis: il se nourrit de visions. Il regarde.

 

 

   La scène se transporte au prètoire de Fontenay-le-Comte.les juges sont assemblés. Ils délibèrent longuement et savamment. Pourquoi? Le fossé de l'Espinaie a été creusé, et l'on y a trouvé "une Vierge en bois sculpté de la grandeur d'une femme". Grand émoi dans la contrée! Le fermier s'en alla porter la statue au propriétaire du champ qui habitait les Landes-Genusson. Mais réclamation des gens de Chambretaud: elle avait été trouvée sur leur territoire. Toute transaction était impossible. Les Landes tenaient la merveilleuse statue. Chambretaud exigeait qu'on la lui rendît. On plaida.

 

***

 

 

La chapelle actuelle date de 1808, avec la Vierge, de la même époque

 

   A Saint-René, (dans la)petite chapelle élevée en 1691, près du cimetière, par un des bons curés des Lande-Genusson, avait été placée la statue de la Vierge marie. Un matin, elle disparut. Surprise et chagrin du vicaire qui, avant sa messe, s'en venait saluer l'image miraculeuse. Le curé accourt à la nouvelle. Plus rien sur le piedestal. A la même heure, le berger de l'Espinaie constatait que le boeuf oubliait encore de paître et se tenait droit devant le buisson. Du coup, on n'hésita pas, on fouilla de nouveau: on y retrouva la statue: elle avait fui les Landes. Victoire de Chambretaud. Les habitants la placent dans leur église et l'entourent de leurs supplications. Ils étaient trop fiers. Le lendemain, la Vierge avait disparu, et s'en était retournée en son fossé de l'Espinaie. Ce fut au tour des Herbiers, qui étaient aux aguets, de s'en emparer. Ils n'en jouirent pas longtemps. la Vierge se plaisait sans doute mieux au creux du buisson: elle y retourna. Et ceci dura tant que le procès fut en cours. Quand, enfin, le tribunal de Fontenay-le-Comte se fut prononcé et eut adjugé au propriétaire du champ le dépôt trouvé, on rapporta l'image merveilleuse aux Landes-Genusson. Et, depuis oncques n'en bougea. La justice du ciel se mettait d'accord avec la justice de la terre. Ainsi le veut la Légende.

 

 

   Et les pélerins d'affluer au sanctuaire, et les murs de la chapelle de se couvrir d'ex-voto. On venait pieds-nus, quelque rude et caillouteux que fut le chemin. On venait de nuit plutôt que de jour, afin d'être rendu dès l'aube au sanctuaire et d'avoir, les premiers, audience de la reine. La route, on la faisait à jeun, et l'on marquait ainsi plus d'amour. Et la Vierge de Saint-René devenait populaire, c'est-à-dire aimée et priée par ceux qui sont pauvres et qui souffrent. Tant elle était bonne pour tous!

 

   Soudain, la tempête gronda: le vent révolutionnaire souffla sur le sanctuaire. saccagé, pillé, brûlé, il ne garda que ses murs noircis plus par la fumée que par le temps. Et au milieu des décombres qui couvraient le pavé, on découvrit la Sainte-Image.

  En quel état, Seigneur! Brisée et défigurée. On ramassa pieusement ces débris; on les cacha sous un riche voile; on mit le tout dans un reliquaire fleuri. Et comme le buste de la Madone était resté à peu près intact, ainsi que la tête qui avait cependant une cicatrice à la joue, on vénéra cette glorieuse relique avec d'autant plus d'amour et de respect que l'on tenait par cet hommage éloquent à réparer l'outrage des impies et brutaux persécuteurs. Et dans la chapelle de Saint-René, presque reconstruite à neuf, le concours du peuple chrétien continuait aussi pieux, aussi béni que par le passé.

 

Le correspondant de la Vendée Historique...

 

 

A noter que l'autel et certains accessoires, ayant appartenu au chanoine de Suyrot, viennent de Chambretaud...


 


Voici la réaction d'un lecteur de la "Vendée Historique...", quelques mois après la parution de l'article précédent et toujours daté de 1900.

 

 

 

 

 

 

 

 



16/01/2014
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